Funérailles de Marc Michaud, pmé (1944-2019)

M. l'abbé Marc Michaud, prêtre des Missions-Étrangères est décédé à La Cité de la Santé à Laval, le 28 octobre 2019, à l'âge de 75 ans et 6 mois. Né à Cacouna le 31 mars 1944, il était le fils d'Adélard Michaud et d'Aline Lebel. Il a fait ses études secondaires aux Séminaires de Rimouski et de Bathurst, NB, puis ses études théologiques au Séminaire des Missions-Étrangères de Pont-Viau, Laval, et à l’Université de Montréal. Ordonné prêtre le 7 mai 1972, il est parti pour l’Argentine le 30 juin de la même année où il travailla comme missionnaire jusqu’en 1982. Il a été aussi missionnaire au Pérou (1983-93), à Cuba (2002-10) où il fut responsable du groupe (2004-10) et au Honduras (2011-17).

Au Canada, il travailla à l’Animation missionnaire (1993-2002). Au moment de son décès, il était résident à la Maison centrale.
Il laisse dans le deuil, outre ses confrères missionnaires, ses frères et sœurs : Jacques M. (Françoise Chouinard), Louise (feu André Piton), André (Sylvie Pineault), Hélène (Robert Nadeau), ainsi que ses neveux, ses nièces et de nombreux autres parents et amis.

Une veillée de prière a eu lieu à la Maison centrale de la Société des Missions-Étrangères, vendredi le 8 novembre 2019.

Ses funérailles ont été célébrées dans le même lieu samedi le 9 novembre à 14h, suivies de l’inhumation. À sa mémoire, des dons à la Société des Missions-Étrangères seraient grandement appréciés.




Homélie de Clément Bolduc, p.m.é.
Laval, samedi 9 novembre 2019

 
Rm (8,28-31)
Jean (14,1-3)


Boîtes de carton
 
Une quinzaine de jours avant son départ, Marc tenait à conserver certaines responsabilités, et cela, en vue de contribuer lui aussi à la bonne marche de notre maison. Concrètement, et malgré son état de santé visiblement détérioré, Marc continuait tous les jours à empiler des boites de carton usagées, lesquelles seraient par la suite expédiées au recyclage. Vous direz comme moi que c'est là une tâche peu prestigieuse, s'il en est une. Une tâche des plus modestes, effacée, discrète, à l'image de notre frère Marc.
 
Malgré les souffrances dues à la maladie, Marc acceptait volontiers de présider une Célébration Eucharistique, soit ici même dans la maison, soit encore chez nos voisines, les religieuses missionnaires. Il est bien évident que Marc est allé jusqu'au bout de ses forces dans son désir de servir; je dirais même qu'il est allé au-delà du bout de ses forces, et tout ça, sans aucune plainte. N'y a-t-il pas là un témoignage?
 
Il me semble que les tâches que Marc a bien voulu accomplir tout au cours de sa vie n’ont été rien de moins que d'authentiques engagements missionnaires. C'est le plus souvent dans de modestes tâches qu'il a vécu sa vocation missionnaire. D'abord, je dirais, auprès de sa propre famille, puis auprès de ses confrères, ainsi que durant de nombreuses années, dans les quatre pays où il lui a été possible de donner le meilleur de lui-même.
 
Visage révélé
 
Durant les années de sa vie sur terre, Marc n'a-t-il pas su, à sa manière, reproduire « l'image de Jésus », c'est-à-dire : être le reflet du visage de Jésus, réalité dont l'apôtre Paul parle avec tant de conviction. « Tout notre être est un reflet de Jésus » disait, après Paul, le missionnaire du Sahara, Charles de Foucault. Oui, Marc a su nous révéler, à sa façon, certains traits du visage de Jésus, certaines couleurs d'Évangile. Quels sont ces traits? En voici quelques-uns : Marc a su développer sa capacité d'accueil, à la manière de Jésus. Puis ce fut son aptitude pour l'écoute, sa fidélité au devoir, sa pratique du pardon, à la manière de Jésus, ainsi que beaucoup d'autres traits que vous connaissez sans doute mieux que moi. Dans le quotidien de Marc, c'est le visage de Jésus qui s'est révélé discrètement à tous ceux et celles qui s'approchaient de lui.
 
Dans la Maison du Père
 
En tant qu'amis de Jésus, ce que nous sommes tous, nous constatons que ce même Jésus nous promet de tous nous rassembler, un jour, dans « la Maison de son Père. » Ce sont bien là les paroles de l'Évangile de Jean, paroles qui sont si rassurantes. Que nous dit Jean, rapportant les paroles mêmes de Jésus? « Je vous prendrai près de moi ».
 
Cet enseignement nous parle encore d'une grande maison paternelle où Jésus nous attend. Ce même enseignement peut paraître pour le moins fantaisiste, aux yeux de celui qui ne croit pas? Un jour, dans une rencontre d'amis, j'écoutais l'un d'eux qui disait : l'Évangile, c'est un conte pour les enfants, c'est un récit pour les gens naïfs. Avez-vous l'impression, vous autres, que Marc aurait pu être, lui aussi, un de ces naïfs-là? Moi, pas vraiment...
 
Voilà; notre beau Marc a maintenant franchi le seuil de la grande Maison du Père; il vit en compagnie de Jésus, et il partage « un style de vie » en plénitude, pas lui seul, mais lui en compagnie d'une multitude de frères et de sœurs, nos frères et nos sœurs dont nous souvenons.
 
Après tant d'années vécues par Marc dans la confiance en Dieu, et dans la grisaille de la foi, nous pourrions comparer la mort de Marc à une trouée qui s'ouvre dans le brouillard du matin, brouillard qui se déchire enfin, pour lui donner plein accès à la demeure définitive du ciel. Et puis, rassurons-nous; là-haut, la tâche de plier des boîtes de carton n'existe plus. Aujourd'hui, au cours de notre Eucharistie, c'est Dieu lui-même qui s'invite chez nous. C'est Dieu qui vient prendre la route avec nous. Il est notre Pain sur la route, la route qui nous mène ensemble jusqu'à notre future demeure.



En souvenir de mon oncle Marc
Témoignage de Renée Michaud (nièce)

  
Fils de terrien, Marc est le deuxième d’une famille de cinq enfants. De son père, Adélard, agriculteur florissant et politicien notoire, il hérite de sa détermination et de son habilité d’esprit. Marc tire sa soif d’apprendre, sa sensibilité et son amour de la musique d’Aline, sa maman, dont les talents de musicienne résonnent bien au-delà de la maison familiale de Cacouna.
 
Très jeune il se destine à une carrière de prêtrise en répétant souvent à son grand frère Jacques que plus tard, il serait lui aussi un «Bésuite» comme son oncle Réal qu’il apprécie particulièrement. Cependant, il ne fléchira pas à son désir d’aller outre-mer aider les moins bien nantis. Il choisit donc de poursuivre sa vocation au sein des Pères des Missions-Étrangères.
 
Que de bonheur pour nous de le retrouver à chaque retour de mission. Jamais il n’oubliait de nous rapporter un petit souvenir typique de son pays d’adoption. Nous étions plein d’admiration et nous avions soif d’apprendre sur les mœurs de vie des Argentins, des Péruviens, des Cubains et des Honduriens. Autant de peuples qu’il a tous chéri. Les témoignages que nous recevons de gens qu’il a côtoyés et aidés nous montrent aussi à quel point lui aussi a été bien aimé. Les gens le décrivent comme un prêtre engagé, aimant et à l’écoute. Que d’amitiés développées et de services rendus… Il aimait ce qu’il faisait, il aimait sa vie. Il n’imposait pas, il éduquait. Il prêchait par l’exemple. Au cours de ses multiples missions, il a particulièrement aimé transférer son savoir et sa foi aux plus jeunes qui se sont destinés tout comme lui, à la prêtrise.
 
Lorsqu’on se rappelle Marc, nous reviennent vite en mémoire ses expressions bien à lui et son rire taquin. On le revoit nous sourire à pleines dents. À Hélène, il dirait sûrement : « Comment ça va la toune ». À Françoise : « Merci encore ma chère pour ton aide avec toutes ces messes recueillies. Tu me tiens bien occupé » ! Combien de fois ne l’avons-nous pas entendu nous dire : « Vient icitte ma noire » mais surtout de l’entendre dire « C’est ’ti pas capable » surtout après les histoires abracadabrantes de notre cher Bob…
 
Lors de ses séjours dans la maison familiale où venait le rejoindre le reste de la famille dont sa chère Louise, il prenait vite le commandement de la cuisine. Parmi ses talents culinaires, André et Sylvie redemanderaient certainement encore de leur cuisiner son jambon à l’ananas… Il tenait aussi ses talents culinaires d’Aline. Et lorsqu’Aline se mettait au piano, c’est à Jacques qu’il demandait d’entamer la première chanson…
 
Marc a joué un rôle important dans la vie de plusieurs personnes dont tous les membres de sa famille, incluant tous ses neveux et nièces. Même à des milliers de kilomètres de distance, nous savions que nous étions importants pour lui et que nous pouvions compter sur lui. Mais il a particulièrement affectionné son neveu Marco et sa nièce Chantale. Marc et Marco avaient développé une complicité hors du commun. Marc a aimé d’un amour inconditionnel ce petit tannant même devenu grand. Nous avons pu ressentir la grande douleur de Marc lors du décès de Marco et de son attachement profond envers lui. Je me sens privilégiée d’avoir pu vivre ces moments difficiles avec lui et de bénéficier de sa grande sagesse durant cette épreuve. Aujourd’hui, Marco lui prépare certainement le plus grand des partys et nous sommes assurés qu’ils se sont enfin retrouvés pour l’éternité…
 
Merci Marc d’avoir tant donné et de nous avoir si bien aimés.