Notre histoire...

FONDATION DU SÉMINAIRE ET DE LA SOCIÉTÉ DES MISSIONS-ÉTRANGÈRES DU QUÉBEC

2 février 1921

La Société des Missions-Étrangères naît avec la fondation, à Pont-Viau, un 2 février 1921, du Séminaire des Missions-Étrangères, par les évêques du Québec. Le chanoine J.-Avila Roch, curé de la cathédrale de Joliette, est ensuite désigné pour en devenir le premier supérieur général, le 12 mai de la même année.

Puis, le 8 mars 1922, la Société se constitue en une corporation civile. C'est aussi cette année-là (le 12 avril) qu'est publiée la première lettre épiscopale sur la Société et qu'a lieu la bénédiction (le 16 octobre) de la pierre angulaire du séminaire.

LUNDI 27 DÉCEMBRE 1948 - NOËL SOUS LA PLUIE À TOKYO

En route vers sa première mission en Mandchourie, Évariste Parent s’était déjà arrêté quelques jours au Japon en 1940.
Huit ans plus tard, le voilà de retour. Il vient de célébrer Noël chez les Franciscains de Tokyo où il réside avec Roland Boulé et Alphonse Dubé. Ce fut un Noël sous la pluie, ce qui n’a pas empêché la chapelle des Franciscains de se remplir pour les messes de la nuit et du jour.
Roland et Alphonse, deux anciens de la mission en Mandchourie, sont venus avec lui comme éclaireurs. Les trois ont le mandat d’explorer les lieux où les évêques japonais demandent la collaboration de missionnaires étrangers. La Société des Missions-Étrangères commence ainsi une nouvelle mission en Asie, après celles de la Mandchourie (1929) et des Philippines (1937).
Aujourd’hui, lundi 27 décembre, la pluie intermittente enlève le goût de sortir. Évariste apprécie ce lendemain de Noël dans le calme, car il aime bien écrire en toute tranquillité. Il en profite pour continuer son journal de bord et répondre à quelques lettres


D’UN NOËL À L’AUTRE
Au fil de l’écriture, voici que remontent les souvenirs. Les fêtes de Noël se suivent et ne se ressemblent pas. Cette année, c’est un Noël sous la pluie. L’an dernier, de retour au pays après sept ans d’absence, ce fut un Noël sous la neige, dans le froid de l’hiver québécois, mais surtout dans la chaleur familiale à Saint-Isidore.
Il se souvient aussi des célébrations de Noël en Mandchourie, surtout durant les quatre années d’internement à Szepingkai pendant la guerre. À son arrivée en mission en 1940, une cinquantaine de prêtres de la Société travaillent déjà dans les missions de Szepingkai et de Lintung. Ils sont tous dans la force de l’âge.
Depuis une douzaine d’années, leurs oeuvres se développent à vive allure en collaboration avec d’autres instituts missionnaires féminins et masculins (ouverture de nouveaux postes et dessertes, écoles et dispensaires, école de catéchistes, Petit séminaire, etc.). 
Quand éclate la guerre du Pacifique en 1941, les prêtres de la Société sont enfermés au petit séminaire de Szepingkai avec d’autres missionnaires de la région. Ils sont 123 « pensionnaires », soit des Canadiens, des Belges, quelques Américains et un Hollandais, dans un collège conçu pour une soixantaine de jeunes.
Comme nationaux de pays ayant déclaré la guerre au Japon, ils sont en internement et isolés du monde extérieur, ce qui est aussi le sort pénible des Japonais vivant en Amérique du Nord. Les religieuses canadiennes, quant à elles, ne sont pas internées et elles demeurent à leurs postes, mais dans des conditions de plus en plus difficiles.
À partir du 13 décembre 1941, Évariste est donc de retour au collège pour ainsi dire, sans tortures ni travaux forcés, mais dans l’inconfort, le rationnement et l’incertitude du lendemain.
Pour tromper l’ennui, il se consacre à écrire l’histoire des missions de Szepingkai et de Lintung en recueillant sur place les témoignages des pionniers. Le 14 juillet 1942, lorsque l’armée japonaise décide d’occuper le petit séminaire pour s’y loger, il est transféré avec les autres à l’évêché de Szepingkai pour y être confiné jusqu’à la défaite des troupes japonaises le 15 août 1945.
Ce fut un long Avent. Plus de 1 300 jours isolés du monde tout en se pilant sur les pieds, sans rencontres avec les paroissiens chinois laissés à eux-mêmes, sans courrier de l’étranger, sauf une ou deux exceptions grâce à la pression de la Croix-Rouge internationale. Quatre fêtes de Noël célébrées « entr’quatr’murailles » selon le titre du livre publié par Édouard Gilbert, un confrère d’internement. Après leur libération en août 1945, plusieurs retournent à leurs postes et Évariste devient ainsi curé de Lishu, non loin de Szepingkai. Cependant, ce retour est temporaire.
La guerre civile entre les troupes communistes de Mao Zedong et les troupes nationalistes de Chiang Kai-shek, dont la bataille de Szepingkai au printemps 1946, force le retrait de la majorité d’entre eux. Une mission hier florissante devient maintenant un champ de ruines.
En cette fin d’année 1948, la Société est sans nouvelles de Mgr Louis Lapierre et de ses six compagnons détenus à Szepingkai. Dans quelles conditions pénibles célèbrent-ils la Nativité? Il ne sera pas possible de leur envoyer de nouveaux missionnaires peut-être avant longtemps. Plus d’une quarantaine de jeunes se préparent pourtant pour la mission au Séminaire de Pont-Viau et à la maison de formation de Québec. Où seront-ils envoyés?


Il y a un an, il fut question d’aller dans le diocèse de Kunming au Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine. Alphonse Dubé devait même se joindre au groupe formé pour commencer cette nouvelle mission, mais l’avancée communiste a conduit à renoncer à ce projet. En juillet dernier, le 3e Chapitre général de la Société réuni à Pont-Viau a confirmé que les prochains envois s’orienteront plutôt vers les Philippines et Cuba.
De plus, l’invitation pressante des autorités romaines à se tourner vers le Japon a été bien accueillie par la même occasion.
En effet, au lendemain de la reddition du Japon terminant la guerre du Pacifique et inaugurant l’occupation américaine en 1946, les évêques japonais ont demandé l’aide des Églises d’Amérique, d’Europe et d’Australie pour la reconstruction. Le pape Pie XII lui même est intervenu auprès des supérieurs des instituts missionnaires afin que soit intensifié l’envoi de nouveau personnel au Japon. L’intérêt populaire pour le catholicisme laisse présager une occasion unique pour l’activité missionnaire. On parle même de l’heure de Dieu au Japon.

Plusieurs groupes missionnaires se mettent donc à l’heure du Japon et envoient des éclaireurs comme notre trio « mandchou ». Depuis leur arrivée au port de Yokohama dans la soirée du 11 novembre, Évariste n’a pas vu le temps passer. Les premiers contacts avec des gens d’expérience connaissant bien le Japon se sont multipliés, ainsi que les heures de voyage en train.
En décembre, il s’est rendu avec Roland dans le sud du pays et ils sont revenus à Tokyo avant Noël avec des propositions intéressantes pour la Société dans les diocèses de Fukuoka et de Nagoya. Mais l’exploration n’est pas terminée, car d’autres invitations sont arrivées des environs de Tokyo et aussi du nord du Japon.

« PRENEZ BIEN LE TEMPS…»

Parmi les lettres qui attendent une réponse, il y a celle de Mgr Larochelle reçue la veille de Noël. Cet autre ancien de la Mandchourie, réélu supérieur général en juillet dernier, lui écrit sa joie d’apprendre leur arrivée au Japon. « C’est un tournant de la vie de notre Société. Vous ouvrez un nouveau champ d’apostolat. Vous posez des actes qui auront leurs répercussions dans la vie d’une multitude de nos missionnaires actuels et futurs. Personnellement j’ai mis toute ma confiance en vous trois. Prenez bien le temps pour étudier la langue japonaise et connaître à fond les différents territoires et les propositions qui vous sont offertes. » (Edgar Larochelle, Lettre à Évariste Parent, 15 décembre 1948).
Dans sa réponse, Évariste ne cache pas les défis qui attendent ceux qui seront envoyés au Japon. « Il est certain que notre méthode d’étude de langue de Mandchourie devra être modifiée ici. Savoir le japonais pour se débrouiller tant bien que mal ne suffira pas. Il sera très important que les confrères destinés au Japon n’aient pas peur de l’étude persévérante de la langue et aient une bonne mémoire, car les premiers mois demandent un effort de mémoire considérable, paraît-il. » (Évariste Parent, Lettre à Edgar Larochelle, 27 décembre 1948). Il le découvrira lui-même bien assez vite, car il commence son cours de langue, cinq fois par semaine, après les Fêtes. Bonne année 1949



PAR BERTRAND ROY, P.M.É.