Funerailles de Raymond Desroches, pmé (1927-2019)

M. l'abbé Raymond Desroches, prêtre des Missions-Étrangères, est décédé à Laval, le jeudi 26 décembre 2019, à l'âge de 92 ans et 9 mois. Né à Montréal le 19 mars 1927, il était le fils de Joseph Desroches et de Georgianna St-Amour. Il a fait ses études secondaires au Collège Marie-Médiatrice et au Séminaire de Philosophie de Montréal, puis ses études théologiques au Grand Séminaire des Missions-Étrangères de Pont-Viau. Ordonné prêtre le 28 juin 1953, il est parti le 21 septembre 1954 pour le Japon, où il a travaillé comme missionnaire jusqu'en 2007.

Au Canada, il a fait du ministère occasionnel à l’Oasis de Laval (2007-09) et chez les Sœurs du Christ-Roi (2009-14). Au moment de son décès, il vivait retraité à la Maison centrale de Pont-Viau.

Il laisse dans le deuil, outre ses confrères missionnaires, son frère Jean-Marc et sa sœur Jeannette, sa belle-sœur Rita, ainsi que des neveux, des nièces et de nombreux autres parents et amis.

Un temps de prière aura lieu à la Maison centrale de la Société des Missions-Étrangères, située au 180 place Juge-Desnoyers, Laval (Pont-Viau), H7G 1A4, vendredi 10 janvier 2020, à 19h30.

Ses funérailles ont été célébrées dans le même lieu samedi 11 janvier 2020. À sa mémoire, des dons à la Société des Missions-Étrangères seraient grandement appréciés.


FUNÉRAILLES DE RAYMOND DESROCHES, P.M.É.
Homélie de Jean-Charles Loiselle, p.m.é.
Laval, samedi 11 janvier 2020

 

Ap 21, 1-5a.6b-7
Jean 17, 24-26


Chers frères et sœurs
 
Mon cher Raymond, personnellement, même si j’ai passé comme toi, une bonne partie de ma vie au Japon, je n’ai jamais vécu avec toi. Je t’ai bien visité parfois mais n’ayant eu qu’un contact temporaire, je ne t’ai pas connu tellement, si ce n’est que par ce rire : HA! HA! HA! qui mettait une atmosphère de joie et d’entrain, ces éclats de rire que tu n’avais perdus que jusqu’à ces derniers temps.
 
Alors, plutôt que de te dire des choses que je sais plus ou moins, tu me permettras de présenter à cette assemblée, quelques-uns des témoignages que des paroissiens de ta dernière mission dans la paroisse Akatsutsumi de Tokyo. Tu penseras probablement que c’est beaucoup trop beau mais, au risque de déplaire à ta grande humilité, je crois que cela vaut bien que tout ce que je pourrais dire à ton sujet.
 
1. Aoki Akiko
Merci, Père Desroches pour ces 20 années passées parmi nous. C’est grâce à vous si j’ai pu connaître les grâces de Dieu, sa bonté, son pardon. C’est ainsi que j’ai pu m’approcher de Dieu et de Jésus et de savoir par votre exemple, ce que doit être une attitude chrétienne.
Au téléphone, vous aviez cette voix qui nous apaisait, une voix un peu voilée qui nous donnait joie au cœur.
Aux cœurs affligés sous le poids des blessures, vous lui disiez : ayez confiance ! Jésus est toujours là, vous n’avez pas à vous inquiéter. Ainsi, nous nous sentions délivrés de nos peines. Notre cœur était réconforté, fortifié, soutenu et même guéri, prenant conscience que Jésus était vraiment là, près de nous.
Vous nous disiez encore : En toute occasion, au présent et au futur, Dieu nous donne toujours ce qui est propice pour nous. Cette assurance d’un Dieu qui prend soin de nous devenait le message de Dieu lui-même dont vous étiez pour nous l’intermédiaire.
Vous étiez aussi l’homme de la prière. En effet, à vous voir prier comme si Jésus était toujours près de vous, comme si vous trouviez là quotidiennement le secret de la paix du cœur, vous nous avez donné l’exemple de la valeur et de l’importance de la prière dans notre vie.
Avec la prière, c’était aussi le pardon. Vous nous disiez; Pardonner quelqu’un, c’est d’être capable de prier pour lui.
Un homme qui ne se fâche pas, qui ne se vante pas, cet homme humble et instrument de Dieu parmi nous, voilà ce que nous avons vu chez vous, Père Desroches. Merci beaucoup Père et continuez à prier pour nous.
 
2. Akiba Ikue
J’ai perdu mon mari, il y a dix ans maintenant. J’avais alors, tous les jours, le sentiment d’avoir avalé du plomb. Mais c’est alors que, par les homélies du Père Desroches, à chaque dimanche, je sentais en mon cœur un regain d’énergie pour toute la semaine. Tellement que je me demande si auparavant, j’écoutais vraiment les homélies.
Ce que j’ai appris de vos paroles, c’est que la mort ne nous sépare pas des liens que nous avions. J’ai appris que ce que le Seigneur nous demande à nous qui continuons à vivre ici sur cette terre, c’est que, par notre prière pour nos disparus, par notre gratitude pour ce qu’ils nous ont donnés, nous gardions toujours nos liens avec eux.
Chaque semaine, je vivais de ces paroles qui pénétraient mon cœur. C’est ainsi que, avec le temps, j’ai retrouvé l’espoir et qu’aujourd’hui, le sourire m’est revenu. L’assistance à la messe du dimanche puis ensuite nos réunions autour de vous après la messe, Père Desroches, sont maintenant devenues le pilier de ma vie.
Père, merci aussi pour les plaisanteries que vous nous faisiez parfois, qui allégeaient l’ambiance. Où que vous alliez, je prie de tout cœur pour que vous soyez sous la protection divine.
 
3.  Yamazaki Shin Ichi
 
Vraiment, vous faisiez de bonnes homélies. Avec bonté, humour et connaissances, vous nous parliez de la prière, de la grandeur et de la nécessité de se fier en Dieu… et c’est ainsi que je me suis mis à écrire dans un carnet, les grandes lignes de vos sermons. Je me permets ici de vous lire ce résumé de l’homélie que vous aviez faite en 2004, à la messe du troisième dimanche de Pâques.
 


«Nous baptisés, nous croyons en la résurrection du Christ. Mais, même si nous sommes baptisés, cela ne veut pas dire que nous sommes en dehors du monde. Nous sommes toujours des humains, avec leurs faiblesses et leurs défauts. Cependant, nous sommes devenus enfants de Dieu et membres du Christ ressuscité… Oui, il nous arrive de nous sentir éloignés du Christ, de ne plus croire de la valeur de notre foi. Mais, Jésus ne nous délaisse jamais.
 
Aujourd’hui, dans l’évangile de ce jour, nous voyons les disciples qui ont passé la nuit sans pouvoir prendre un seul poisson. Jésus est là, sur le rivage mais les disciples ne le reconnaissent pas. Cependant alors qu’ils ont répondu à la demande de Jésus de jeter le filet à nouveau, après leur étonnante prise, ils l’ont reconnu.
 
Oui, Jésus est toujours là, avec sa Parole et sa présence dans l’Eucharistie…Il nous arrive peut-être de douter. Mais, quant même, comme nous savons que même s’il semble disparaître, il est toujours auprès de nous. Et, si dans nos prières nous prêtons l’oreille à sa voix et persévérons dans notre prière, nous pourrons peut-être le reconnaître et faire comme Pierre qui saute de l’embarcation pour se présenter à genoux devant Jésus. Ce même Jésus qui lui demandera un jour : Pierre, m’aimes-tu? Et Pierre de lui répondre: Seigneur, vous savez bien que je vous aime. Faisons donc comme Pierre et gardons confiance en Jésus.
 
Il serait beaucoup trop long ici, Raymond, de rapporter tout ce que les gens d’Akatsutsumi, spécialement les personnes qui ont reçu le baptême de toi – et ils sont nombreuses – ont écrit à ton sujet ; cependant je me permets pour terminer de citer ce poème que mademoiselle Jingu Naomi a écrit avant son décès. Comme tu sais, cette fille décédée du cancer à 36 ans, a vraiment vécu au cours de sa maladie, des expériences mystiques assez spéciales qu’on aurait sûrement des difficultés à expliquer normalement.
 
Tu te souviens que sa mère trouva 40 jours après son décès, alors qu’elle faisait le ménage de sa chambre, une poésie que sa fille avait écrite, c’était dans son carnet de notes. Je me permets de le lire ici devant toute cette assistance.
 
«À Dieu qui a daigné m’inviter si tôt, à laisser ma vie sur terre »
 
    Je t’aime, toi qui subitement m'a appelée vers TOI
    Oui, vraiment, je sais que tu m’aimes
    Et que je peux vivre seule avec Toi.
    Viens vite car je t’aime
    Versant des larmes de tristesse et de joie,
 
     Même si sur cette terre, personne d’autre ne m’aime
    Même si je n’avais  plus personne pour vivre avec moi
    Je sais que tu m’aimes et que tu es là.
    Tu m’aimes tellement que même les gens heureux,
    Ne pourraient le ressentir ainsi.
    Je ne peux te toucher ni voir ton visage
    Mais ton amour m’enveloppe doucement, velouté.
 
   Je suis malade, je souffre, c’est difficile
   J’ai mal, je pleure…
   La maladie, cela fait partie de moi, c’est moi…
   Mais j’ai senti que même là, tu m’aimes.
     Ô mon bien-aimé !
 
Voilà, cher Raymond, comment on t’a reconnu comme missionnaire du Christ.
Merci pour tout ! Et n’oublie pas de prier pour nous auprès de Celui de qui tu as annoncé la Bonne Nouvelle parmi nous.
 
Sayonara !